hadj مراقب
المشاركات : 134 تاريخ الميلاد : 22/04/1974 تاريخ التسجيل : 18/09/2008
| موضوع: Voyage à mon bureau 9 الإثنين 10 نوفمبر 2008, 00:36 | |
| LE CORBILLARD
C'est en cheminant paisiblement avec le lecteur auquel je
fais part de mes réflexions, que j'arriverai sans doute au
terme de mon voyage. J'émets le doute, car est-on toujours
certains d'atteindre le but que l'on se propose ?
Le corbillard qui s'oppose en ce moment à notre passage, et
qui mène vers sa dernière demeure un corps de femme auquel
nous offrons un dernier salut, est une preuve apportée à
mon assertion. L'existence de cette femme dont je viens
d'apprendre le nom a été brisée avant l'âge de la maturité.
Un jeune homme pâle, les cheveux en désordre, la tête nue
et affaissée, suit péniblement la marche lente du
corbillard. Ses yeux n'ont point de larmes, mais on
pourrait voir à leur aspect qu'ils ont dû répandre des
pleurs abondants.
Pauvre jeune homme ! Il paraît chancelant sur ses jambes
débiles, et ceux qui l'accompagnent n'ont pas le
recueillement que leur douleur d'emprunt s'était promis en
la circonstance. On suit le corps tout en jasant, tout en
discutant, non pas de la maladie de la personne morte, mais
on parle politique et des nouvelles officielles des journaux.
Cependant, c'est sa pauvre mère que ce triste jeune homme a
perdue... O douleur! Ô souvenir affligeant! Tu devrais
rappeler aux assistants, surtout à ceux qui ont eu le
malheur de perdre celle qui a pris soin de leur enfance,
qu'il n'y a pas de perte au monde plus grande que la perte
d'une mère !
Hélas ! J'ai perdu la mienne ! Les caresses que l'on
pourrait me prodiguer maintenant ne sauraient remplacer
celles dépourvues de tout intérêt que me donnait avec
bonté l'heureuse compagne de mon père.
Pauvre mère ! Je te devais bien une larme à la vue de ce
corbillard. Puisses-tu la recueillir comme une perle qui
revient de droit à la couronne céleste que les anges ont dû
t'offrir...
Je ne t'ai pas oubliée, et ce serait un crime à moi d'avoir
négligé de parler de toi dans mon voyage, toi qui me suis
partout dans ma pensée... Au revoir !...
Le temps pourra creuser mes joues vieillies par les années
ou par la souffrance; il pourra les sillonner de rides
indestructibles, mais il n'effacera jamais le doux baiser
que ma tendre mère m'a imprimé sur le front. | |
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