hadj مراقب
المشاركات : 134 تاريخ الميلاد : 22/04/1974 تاريخ التسجيل : 18/09/2008
| موضوع: Voyage à mon bureau 7 الثلاثاء 14 أكتوبر 2008, 22:23 | |
| L’AUMONE
- Je ne comprends pas, disait un jour certain critique,
que la police ne ramasse point tous les
mendiants échelonnés sur les quais et sur les esplanades ?
La mendicité est interdite et l'on rencontre
des pauvres partout. Celui-ci trouve le moyen de s'établir
au coin d'une borne, où il est censé vendre
du papier à lettre ou des crayons. Celui-là nous offre
des allumettes chimiques, et je lui vois sans
cesse à la main le même paquet d'allumettes, lequel n'est
autre chose qu'une amorce pour attirer les
passants. On fait généralement l'aumône
au pauvre sans profiter de sa marchandise.
- Détrompez-vous, lui répondis-je : je connais un avare qui
tient essentiellement à passer pour un philanthrope, et qui n'a
pas trouvé d'autre moyen pour faire l'aumône que de prendre
ostensiblement et avec intention le petit faisceau d'allumettes
que lui présente le pauvre. De cette façon, il est fier de se
montrer charitable envers son prochain ; mais il se garderait
bien de donner un sou au malheureux pour le plaisir seul de
lui faire l'aumône. Vous voyez qu'il y a certaines
apparences trompeuses dans la vie.
- Je n'en disconviens pas, mais que font les pauvres dans la
capitale ? Qu'a-t-on besoin de voir la misère humaine sous ses
yeux ? Enfin, est-on toujours certain de ne
pas faire l'aumône à plus riche que soi ?
- Voilà trois grandes questions à résoudre.
J'y répondrai cependant de mon mieux. D'abord, il est certain que le nombre des pauvres apparents ne
dépasse pas celui des badauds et des inutiles curieux qui encombrent
mal à propos les rues de Paris, non plus que celui des joueurs d'orgues
plaintifs dont la manivelle insipide trouble à tous moments l'esprit de
l'homme de bureau ou du compositeur, et semble n'avoir été inventée que
pour donner des attaques de nerfs aux chiens sensibles, et les obliger à
fuir en hurlant. Je trouve qu'on a déjà suffisamment restreint le nombre des
pauvres, et je ne pense pas qu'on doive en tous les cas les séquestrer avec
de vils malfaiteurs. La misère est respectable, et quiconque ne la voit pas
de près ne s'en rend compte que d'une manière incomplète.
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